GRIMES Partie 2 (L'HOMME DU PALAIS) chapitre 4

A ce stade de mon témoignage enregistré, je me pose, pour la première fois la question, de savoir qui est en train d’écouter mes mots grésillants. Peut-être êtes-vous un de ces fieffés salauds de la milice daïmoniste… dans ce cas je ne me fais que peu d’illusions sur ce qu’il est advenu de ma personne.

Depuis que le couvre-feu s’est intensifié dans la Kapitale, je dois agir avec beaucoup plus de prudence.

Mais que cela ne vous gâche pas le spectacle pour autant !

Je sais que lorsque vous entendrez cet enregistrement, le pays sera libéré de l’immonde Daïmon… ou je serai mort pour rien. Et comme mon côté optimiste me force à croire la première version, que la grande fête de la libération ne soit pas troublée par la monotonie du timbre de ma voix…

Allez ! Avançons un peu dans cette sordide histoire de l’extinction des feux sur le quartier-clown. On a vu les clowns sortir la tête basse de leur quartier. Autour d’eux quelques miliciens armés jusqu’aux dents et munis d’un masque antipollution pour bien signifier la contagion fort probable… On se demande même à qui ils voulaient le signifier étant donné que les rues étaient interdites à la circulation et que toute personne qui aurait été aperçue à sa fenêtre aurait été immédiatement arrêtée.

La grande grille bariolée s’est alors refermée sur le quartier. Les caravanes ont été laissées à l’abandon. Aucun bagage n’a été autorisé. Je connaissais cette décision depuis plusieurs jours ce qui m’a permis d’intervenir pour la première fois directement dans l’Histoire. Le temps de l’espionnage passif me devenait de plus en plus difficile à vivre. Etre Brutus ne me gène absolument pas mais à condition que cela mène quelque part. Et puis laisser un nom dans l’histoire ne serait pas pour me déplaire…

On frappe à ma porte !

Fin d’enregistrement.