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Le Rire du serpent
23 janvier 2011

Grimes Partie 7 (La Mémoire) Chapitre 2

Enregistrement numéro 14 : Vérification.

J’ai pris un grand risque ce matin. Juste avant que le soleil se lève, et peu de temps après que nous nous soyons couchés, je suis sorti de la caravane pour aller déterrer le manuscrit. J’ai tout retiré, y compris les enregistrements. Il est possible que nous soyons obligés de partir en urgence et je n’aurais peut-être pas le temps de les déterrer à nouveau.

Il a fallu ensuite que je rentre rapidement dans la caravane et malgré la présence de Guillaume, je n’ai pas pu m’empêcher de l’ouvrir. Guillaume avait l’air de dormir comme un bienheureux. J’espère que c’était le cas.

Il y a seulement une chose qui me chiffonne. Je ne suis pas censé avoir découvert ce manuscrit. A aucun moment, au stade où j’en suis dans les enregistrements du Sénateur-Maire, il n’est question de ce manuscrit. Enfin, cela vaut tout de même la peine d’essayer.

Dans le chapitre VIII de « Grimes », il y a une phrase qui est troublante. Elle semble réellement être placée là pour laisser une piste :

« Le cimetière des clowns allait connaître un surpeuplement massif. Beaucoup trop de gens pensent que le cimetière est un lieu où l’on dépose les personnes que l’on aimait. C’est faux ou incomplet ! Tout d’abord, on y trouve aussi les corps de ceux que l’on détestait. Ensuite, on n’y dépose pas que des corps. On y dépose aussi la mémoire de chacun de nos ancêtres. Ma femme, par exemple, a emporté le terrible… »

La mémoire des clowns. Comme un trésor, les clowns emporteraient dans la tombe leur mémoire. Il s’agit peutêtre d’une image, mais la piste en vaut la chandelle.

D’autant plus qu’au chapitre IX, il dit :

« Si je reste ici,

personne ne pourra plus défendre l’honneur des clowns. Leur image dépend de moi… »

et plus loin : « Je vois notre métier qui s’éteint et, pourtant, il doit vivre. Il doit survivre. Survivre la tête haute ! Sans tache ! »

Je reconnais que l’interprétation que je fais de ces quelques lignes est quelque peu tirée par les cheveux, mais jusque là Auguste Maigret n’a pas joué dans la simplicité et l’évidence. En clair, pour défendre l’honneur des clowns, il faut garder la tête haute donc lever son nez rouge. Cette partie me paraît un peu hasardeuse. Par contre, je pense que le message précédent à propos de la mémoire des clowns qu’ils emmènent dans leur tombe me paraît de plus en plus crédible.

Quand Guillaume se réveillera j’essaierai de lui parler du cimetière-clown. Il ne me semble pas avoir repéré une seule tombe dans le quartier. Et puis, cela colle parfaitement avec la demande que je lui ai faite. Pour bien comprendre une population donnée, rien de tel que d’étudier la manière dont ils enterrent leurs morts.

Maintenant, mieux vaut me coucher. Le soleil est déjà haut dans le ciel et demain risque d’être une journée bien remplie.

Fin d’enregistrement pour aujourd’hui.

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